"On ne frappe pas un ennemi à terre. Mais alors quand ?"
Lucien Guitry.
Il est minuit passé.
Vous avez déjà au moins un verre de trop dans un estomac à moitié à jeun.
Mais vous restez assez lucide pour être capable de textoter sur votre téléphone portable le message, ce message, qui gronde en vous depuis bientôt un mois.
Vous refaites trois fois la formulation, pour être certaine de dire tout ce que vous avez sur le coeur, pour faire des phrases claires, en regrettant de ne pas avoir de dictionnaire de citations sous la main pour ajouter un brin de poésie à votre déclaration.
Vous relisez quatre fois, mot par mot, pour être sure de l'orthographe ... vous vous damneriez pour le correcteur automatique de word qui soulignerait en rouge chacune de vos bévues.
Vous vérifiez le nom du destinataire.
Vous vérifiez qu'il n'y a pas deux prénoms identiques dans votre répertoire.
Vous vérifiez que c'est bien un numéro de portable et pas un fixe.
Vous prenez une grande respiration. Courage ma fille, tu as besoin de lui dire, fais le au moins pour toi.
Vous envoyez.
Mon dieu, qu'avez vous fait, vous avez osé ! Joie, bonheur et satisfaction se mêlent à une indicible crainte des conséquences.
Bip bip. Bip bip. L'accusé de réception, quel monde fabu... arghhhh ...
"En cours".
Il n'a même pas laissé son téléphone allumé, ce con.